Bienvenue chez Tassie : le pénitencier du bout du monde

Hobart, Australie, le 11 février 2008

Poursuivant notre tour du monde des colonies pénitentières, après Tarutao et Sydney et avant la Nouvelle-Calédonie, nous mettons le cap sur la Tasmanie (Tassie pour les intimes). 

Ile du bout du monde située au large de Melbourne (10 h de ferry ou 1h d'avion tout de même), cet Etat australien a connu une histoire tourmentée. Au début du 19ème siècle, suite à la colonisation de l'Australie par les Britanniques, des établissements pénitenciers ont été construits sur celle qui s'appelait alors la Terre de Van Diemen. Pendant trois décennies, la Tasmanie fut la destination la plus redoutée des bagnards britanniques. 
La colonisation réserva par ailleurs un sort particulièrement tragique aux aborigènes installés sur l'île. Massacrés ou déportés, la totalité de la communauté insulaire a péri.












Nous avons pour notre part abordé la Tasmanie de manière bien plus sereine. Heureusement libres de nos mouvements, nous avons effectué un road trip de 6 jours, découvrant ainsi l'incroyable diversité de cette île, tant au niveau des paysages que du climat d'ailleurs (4 saisons en 1 jour, c'est possible en Tasmanie !).  

Chaque jour, un spectacle aussi différent que dépaysant : forêts humides peuplées de kangourous gris et ponctuées de cascades, lacs d'altitude aux berges hantées par les troncs torturés et désolés des eucalyptus, falaises vertigineuses sur lesquelles viennent se briser les déferlantes en provenance d'Antartique, et d'improbables plages de sable banc baignées par des eaux turquoises qui donneraient presque l'illusion d'une échappée vers des îles tropicales bien plus accueillantes que cette terre de bagne.

Comments

[patrice]

La fameuse madeleine de Proust ! Il est amusant de constater quels souvenirs nous avons gardé de notre enfance et de voir quels viatiques emprunte la mémoire pour les ramener à la surface du présent.

Je me souviens, comme si c’était hier, d’un album sur les animaux disparus ou en dangers. Un page était consacrée au dodo de l’île Maurice, une au lamantin, une autre au moa, une déjà aux orangs-outans. Et sur la couverture cartonnée, de couleur rouge sombre, figurait, entre autre, le thylacine, le fameux tigre de Tasmanie. Gros chien grisâtre avec des rayures noire sur le dos, fruit des amours improbables du loup et du zèbre, le dernier thylacine a fini paisiblement ses jours au zoo de Hobart en 1936.

La Tasmanie appartient donc à cette catégorie de noms géographiques au pouvoir évocateur si évident que leur seul énoncé vous entraîne dans un irrémédiable voyage.

Pourtant, comme l’évoque Jacques Meunier (On dirait des îles, coll. Etonnants voyageurs, Flammarion), « La Tasmanie ? Personne n’est jamais sûr de savoir où elle se trouve. On la confond souvent avec un royaume d’Afrique ou une île d’Océanie (Ce qu’elle est, d’ailleurs !). Au sud des Quarantièmes rugissants, dernière terre habitable avant les limbes de l’Antarctique, elle fait figure d’asile et de providence. Elle est comme un jardin anglais battu par la houle. Les cottages pain d’épices, les haies d’aubépine et les vergers, les collines parsemées de moutons, les petits ports tranquilles – pareils à des maquettes polychromes – et la surprenante limpidité de l’air qui donne au paysage une transparence d’aquarelle, ne doivent cependant pas faire illusion. Ils ne sont que la façade aimable d’un territoire autrement turbulent.

Mouchoir de poche, moins grande que l’Irlande (67.800 km²) et dix fois moins peuplée (453.000 habitants), […] la Tasmanie semble un vide poche où Dieu aurait mis tout un assortiment de reliefs et de paysages. […] Vous traversez des savanes africaines, des landes alpines et des forêts pluviales. […] La route qui va de Strahan à Hobart, en passant par Queenstown, donne une idée de cette diversité topographique. Au départ, il y a la plage, Ocean Beach, long boulevard de sable blanc, puis la traversée de la Queen River, aux galets englobés dans la poussière de cuivre, puis les monts chauves, forêts détruites par le saccage et la pollution, puis la moyenne montagne qui a de faux air de Rocheuses, puis la savane, puis la zone des lacs glaciaires, puis les perspectives bossuées, chevaux, vaches et moutons, chaumières d’où s’échappe un panache de fumée et dont le bucolisme invite à siffloter Qu’elle était verte ma vallée ! […] Tout cela fait l’effet d’un immense studio de cinéma aux décors multiples. Sauf que la pluie mouille et que le froid mord. Le vent se met à mugir. […] A la tombée de la nuit, dans les phares, c’est le ballet étrange d’une fauen qui date d’avant la séparation d’avec la « Grande ïle » : les kangourous nains, les wombats et les diables de Tasmanie.»

Comme le disent les habitants : « Nous ne sommes pas une Australie à part. Nous ne sommes pas un morceau du puzzle, ni une exception, mais une quintessence d’Australie. » Bonne idée, donc, de vous être rendus en Tasmanie. En plus de nous faire réviser notre géographie, cela a eu l’avantage de réveiller quelques souvenirs, par exemple, le fameux Taz, idole de notre enfance, copain tourbillonnant du non moins célèbre Bugs Bunny (Et ouais, on a les héros que l’on peut).

Mais la vraie raison de ce voyage en Tasmanie est tout autre. Bande de cachotiers. En fait, les tasmaniens fréquentent l’Alpirail, une petite Suisse reconstituée à quelques kilomètres de la capitale. Ce sont les pistes de ski qui vous manquaient douloureusement….

A+
Patrice

[Hélène]

Je suis comme votre ami JC je trouve que vous abusez un peu de nous faire saliver avec ces photos magnifiques!!! En retour on ne peut même pas vous faire profiter des paysages isérois enneigés car la neige commence à manquer. Mais le massif de Belledonne reste une splendeur tout de même! Je suis d'accord avec Anne, mon sens de la géographie étant assez limité une carte ne serait pas inutile!!! Je n'ai pas la place de mettre sur mon bureau un globe malheureusement encombré de parapheurs. Tout cela pour vous rappeler qu'il y en a qui travaillent un peu tout de même pour le cas où vous auriez oublié que cette activité puisse encore exister!!! Continuez votre cheminement sans trop penser au lendemain. Et merci de nous faire partager vos émotions.
A bientôt les Loulous.
ln

[Claire]

Un bagne peuplé d'animaux hirsutes qui bondissent dans tous les sens ? C'est déjà le retour dans le monde du travail ??? Pas vraiment alors continuez à bien en profiter...
PS : Patou se vantait d'avoir tout un tas de citations cultivées pour ce secteur du globe. Finalement, se serait-il lassé ?

[anne pignon]

finalement il manque juste un truc sur votre blog c'est une carte! car même si j'ai fait géo je ne situe pas si bien que ça le Tasmanie!!

est-ce que c'est habité? Je veux dire par d'autres que les descendants de bagnards? et surtout est-ce qu'il y a des villes? Et quel températures de l'eau venue d'Antarctique. Bref que des questions fondamentales!! Continuez bien car finalement vous n'avez jamais été aussi proche du retour!
Anne P

[JC ERARD]

des images insoutenables, et dire que certains vous envient... merci de nous en faire profiter quand m^me, nous permettant d'un peu vous décharger de votre peine !
Je crois que je commence à devenir franchement jaloux.